J’ai toujours cette manie de débuter par la fin. C’est mon coup de coeur depuis deux ans. C’est mon histoire d’amour avec le cinéaste et scénariste, Denys Arcand, qui a su capter l’indicible. C’est un chef d’oeuvre dont je ne me lasse jamais. Why? Pour la plus simple raison que ce film comme L’empire du déclin américain (1986) a su peindre un portrait juste et affectueux sur les baby boomers. Grosso modo Le déclin de l’empire américain est l’histoire de six amis (tous établis à Montréal) dont un couple. Il y a Rémi prof d’histoire (Rémy Girard) et Louise (Dorothée Berryman) mariés et parents de deux enfants, Rémy ne dit jamais non à une aventure. Pierre (Pierre Curzi) prof aussi qui a rencontré sa belle dans un salon de massage. Diane (Louise Portal) chargée de cours, mère d’une petite fille et avide de sensations nouvelles. Dominique (Dominique Michel) qui porte sur les hommes un regard attendri et cynique. Vient finalement Yves (Yves Jacques) prof d’histoire de l’art, homosexuel et bel homme. Nos joyeux lurons sont des intellectuels universitaires débonnaires à souhait qui refont le monde avec des théories soixante huitardes, évacuée la religion, honni le capitalisme à outrance. Le sexe, ils en parlent et le pratiquent à chaque fois que la chance leur est donnée, c’est encore l’époque de l’insouciance pour les hétéros et celle de l’angoisse pour les homos. Nous les découvrons durant une fin de semaine au chalet de Pierre. Pendant que les femmes sont au centre sportif et discutent hommes, sexualité et conquêtes, ma foi, les hommes qui préparent le repas parlent femmes, sexualité et conquêtes sauf pour Yves qui parle de ses conquêtes masculines. La soirée commence donc bien jusqu’à ce que surgisse le nouvel amant de Diane. La soirée prend alors une tournure sérieuse, et là les secrets jaillissent non sans faire mal à quelques uns de nos comparses. En fait, loin de ne parler que de sexualité le film aborde la quête du bonheur, les erreurs de parcours, la solitude. C’est un film drôle, intense qui s’adresse plus aux baby boomers.
Voilà, un court rappel avant de vous parler de mon coup de coeur. Les invasions barbares est la suite du Déclin. Nous retrouvons nos amis presque vingt après. Rémy divorcé de Louise à cause de ses aventures sexuelles se meurt d’un cancer. Louise appelle donc leur fils, Sébastien (Stéphane Rousseu) installé à Londres et évoluant dans le milieu de la spéculation financière. Entre le père et le fils le courant ne passe absolument pas. Le fils reproche au père d’avoir été infidèle à sa mère et d’avoir grandi sans lui. En fait, il le prend pour un éternel adolescent. Rémy reproche à son fils son manque de culture, son entrée dans le monde capitaliste. Bref, son fils a rejoint l’ennemi. Mais voilà, Rémy se meurt et il faut vu l’état des hopitaux de Montréal s’assurer qu’il puisse mourir en toute dignité. Denys Arcand passe au peigne fin la crise qui sévit dans le milieu hospitalier, le manque de lits, les étages condamnés, le surmenage du personnel infirmier, la ronde des médecins, le syndicat qui ressemblerait plus au crime organisé qu’à une véritable union de travailleurs. Mais aussi de l’évacuation du religieux, les rapports hommes femmes, de cette mortalité qui nous attend tous. Les personnages y sont attachants, troublants, déroutants comme l’est notre questionnement lorsque nous savons que nous allons perdre un être cher ou que nous sommes écorchés. Le dialogue entre la religieuse et Rémy est d’une vérité incroyable. Il n’est pas question ici de diminuer une position par rapport à l’autre. L’affrontement entre le père et le fils est poignant. La détermination du fils à offrir à son père l’ultime confort est absolument admirable. Le fils se démène pour faire rappliquer les amis d’antan, va jusqu’à acheter de l’héroïne et en fournir à Nathalie (Marie-Josée Croze) fille de Diane et junkie de son état afin que son père ne puisse pas souffrir. Si le film dresse encore une fois le portrait d’une société de baby boomers vieillissants, il porte aussi un regard sur la génération X. Mais surtout, il est question d’humanisme et d’amour indéfectible. Le film est drôle, les scènes de ménages des maîtresses de Rémy sont absolument à voir. L’histoire de Rémy finit là où nos amis s’étaient retrouvés il y a plus de quinze ans. C’est un adieu des plus touchants, des plus dignes. C’est bien simple après en avoir parlé, je vais revisonnier pour la nième fois le film. Et comme c’est la fête des pères, je vais retrouver le souvenir de mon père en pensant à lui beaucoup plus fort que d’habitude.
Les invasions barbares
19 dimanche Juin 2005
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c est tout ce dont j avais besoin pour effacer mon blog et passer mes soirée a attendre de te lire.eblouissante tel un rayon de soleil en plein obscurité
Même réflexion…Allez samab, on crée un fan club Loula ? ;-), je serai présidente :pExcellent movie, j’ai pas eu la chance de le voir, mais j’en ai beaucoup entendu parler…
Allô Manal et Samab,Vous allez me faire rougir. Tout le plaisir est pour moi. Manal, en visitant ton blog hier tu m’as fait remonter dans le temps. Je file un contrat à respecter, je vous retrouve plus tard sur vos blogs.