Du réchauffé, seuls quelques uns s’en souviendront 😉
Mogador/Essaouira 1931
Nissim était meurtri par le chagrin. Il tenta de retenir les larmes qui ne cessaient de couler. Baissant la tête, il put ainsi éviter de devoir s’arrêter et saluer, un à un, ses voisins. Demain, dans quelques heures toute la communauté le saurait. Mais en cet instant, il voulait vivre et partager sa douleur avec Zahra son épouse. Sa vie passa en séquences. Son enfance, son adolescence, ses années d’études, son travail pour les autorités consulaires britanniques. Son mariage avec Zahra Cohen. La perle de Mogador, la plus belle fille de la région. La naissance de ses enfants. Hanina, Makhlouf, Solika qui ressemblait tellement à Zahra et lui son dernier. Yossef, le bébé. Yossef, le brillant. Yossef, sur qui les espoirs de Nissim reposaient. Yossef aux yeux clairs, au tempérament doux et aux idéaux humanistes. Yossef, sa fierté. Yossef, la droiture. Yossef, le sincère. Yossef, le juste. Yossef qui devenait aujourd’hui son ultime blessure. Son extrême affliction.
Il monta les marches étroites lentement espérant ainsi arrêter le temps. Du haut de l’escalier, il aperçut le visage inquiet de Zahra. Elle n’avait pas perdu de sa beauté. Cinquante ans et un visage aussi radieux que celui de Sarah. Elle descendit quelques marches et lui tendit la main. Il lui embrassa la main qu’il garda longuement sur son visage défait. Ils s’assirent.
-« Nissim, dis-moi que tu as retrouvé notre Yossef. Dis-le moi, Nissim. Dis-moi que nous le reverrons notre beau Yossef. »
Il ne put proférer le moindre son, il pleura de plus belle. Elle prit son courage à deux mains. Puis, mue par une résignation incroyable elle se mit à monter les escaliers la tête baissée.
-« Nissim, mais comment vivre sans Yossef? »
_ »Yossef est mort, il est mort pour nous. Zahra, tu comprends, il est mort. »
Zahra emportée par la douleur prit son caftan à la hauteur de son épaule gauche et tira dessus. L’étoffe se déchira sur une dizaine de centimètre. De l’épaule gauche au coeur. Elle prit la décision de couvrir les deux miroirs de la maison. Elle alluma une bougie symbolisant ainsi l’âme et le corps de son fils.
_ »Zahra, ne comprends-tu pas qu’il ne fait plus partie de nous. Que dira le rav? »
-« Nissim, ne commence surtout pas. Nous avons perdu notre Yossef! Ils peuvent tous parler. Laissons-les. Nissim, te souviens-tu de ce bambin aux boucles dorées c’est lui que je pleure tout autant que le jeune homme dont je ne verrai probablement jamais les enfants. Je suis orpheline de mon fils, Nissim. »
Nissim, et ce malgré les encouragements du rav, ne sortit plus de la maison jusqu’au jour où il partit avec Zahra pour Manchester. Zahra, depuis cette journée fatidique, ne prononça plus le moindre mot.
« remember to take off your clothes before entenring this blog »
c’est ce que tu disais deux posts plus loin…et c’est ce que je fais. J’ai tooké off mes faux semblants, mes enmettrepleinlavue, mes profilsdroits, les jaretelles de mes retenues, mes mâlatitudestestostéroniques, mes certitudes couillones et couillues, mes cynique pas cynique tu crèves quand même, mes jeparledoncjesuis, mes j’écrit donc je vis, mes turpitudes universalistes, mon universalisme turpide, mes soutiens gorges des mots profonds, les strings verbaux de ma légèreté spirituelle, les dessous souillons de ma libido, mes t’asd’bôyeuxtusais, mes airs de journée de parade, mon regard en costume du dimanche, mes positivesattitudes, mes jéraisonmétunapastort, mes mort dans l’âme, mes mors sans larmes pour venir tout simplement apposer tout le pur qui pourrait encore se trouver en moi par un doux baiser sur le front de ton âme…
que la vie te soit tendre comme tu l’es pour elle…
kb…khobz hafi
très beau texte loula
»je suis orpheline de mon fils » cette phrase si touchante ma fait pensé à des vers de Darwish:
الشهيد يُحَذِّرُني: لا تُصَدِّقْ زغاريدهُنَّ.
وصدّق أَبي حين ينظر في صورتي باكياً:
كيف بدَّلْتَ أدوارنا يا بُنيّ، وسِرْتَ أَمامي.
أنا أوّلاً، وأنا أوّلاً !
Mwah
Du réchauffé de ce genre, c’est magnifique et on ne peut qu’en redemander !
Merci à vous.
Mwah!