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Tu ne comprenais pas toujours pourquoi, mais tu avais le don de respecter la différence. Ton parcours, ton enfance, ta vie adulte, ta vie professionnelle ont fait que tu contemplais la vie autrement. Tu ne supportais pas les idées préconçues et encore moins celles qui creusaient des fossés entre les humains. Tu avais l’âme bohème, celle d’un artiste et ton flair pour l’innovation était sans pareil. Il y a ce rêve que je fais souvent. Je vais à ta rencontre dans la ville ocre. Il y a le vieux pont avant Marrakesh. Je tente de le traverser, mais il y a une immense lézarde au milieu. Je décide d’emprunter le ravin. Le lit de la rivière est presque sec et lorsque je l’approche, l’eau arrive en trombe. Je m’en fous, je garde mes beaux escarpins plats et décide que je dois absolument atteindre l’autre rive. Ton sourire me guide et je ne dois pas manquer notre rendez-vous. J’ai quinze ans et tu m’as promis que les jaracondas seraient en fleurs. Je réussis à rejoindre la rive et marche longtemps avant d’atteindre la palmeraie. Tu es là, tu m’attends. Tu remarques mes escarpins et tu dis: ″Ne t’en fais pas, ce ne sont pas les escarpins qui manquent, tu choisiras la plus belle paire demain.″

C’est un rêve qui me visite depuis bien longtemps. Du temps où tu habitais la palmeraie. La semaine prochaine, j’irai te visiter dans ta nouvelle demeure. Tu ne me parleras pas. Il n’y aura pas de baisers et encore moins ta main douce sur la mienne, ni ton rire irrésistible. Il y aura une plaque de marbre avec ton nom. Mais je sais que tu m’entoureras de ton amour comme tu l’as toujours fait. Et je te ferai écouter cette chanson que tu as fini par aimer parce que tu disais: ″En l’écoutant, j’arrive à comprendre ce qui se passe dans cet ouragan qui meuble ta tête, ma fille, mon petit être chéri″