300ème billet et cela tombe justement en apprenant ton décès alors que je me disais une pause s’impose. Et qu’est-ce que tu as pu me transporter! Je te tutoie par affection et respect. Tiens, j’imagine que tu peux me lire alors je vais te raconter la première fois que je me suis amourachée du grand que tu étais. C’est en visionnant Alexandre le bienheureux. Avec ton physique, ton indolence tu crevais l’écran de tant de naturel. Puis, t’es devenu mon préféré du cinéma français. T’avais d’un regard détrôné Simon, Brasseur. Tu partageais le podium avec Raimu. Puis, j’ai commencé à courir pour pouvoir te voir sur les grands écrans. J’en oubliais mon paraphuie, mes gants, mon sac et même un amoureux, tu t’imagines sa tête quand je lui ai avoué que j’étais allée retrouver mon géant aux yeux doux dans l’obscurité d’une salle de cinéma.
Parce que tu avais ce don si rare, celui de plonger dans tes personnages jusqu’à les rendre plus vrais que nature. La touche magique avec ce regard de cocker triste, mais combien intelligent, ta voix paresseuse, ton sourire. Je t’ai adoré dans Coup de torchon, idolâtré dans Cinéma Paradiso, aimé dans Les ripoux, j’étais émue aux larmes en te voyant jouer Père et fils. Je n’aime pas les adieux, mais puisqu’il faut bien je te dis les grands ne meurent pas vraiment, ils ne font que prendre la place qui leur revient dans le firmament.