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No Pasaran
You asked me once if I could define myself in a sentence. I thought about it and then where to find the words that could be used?
Row, row your boat roughly down your soul. If there is one sentence that could define me, this would be it.
The need to release the sounds in my head became urgent. No, I am not an exhibitionist; I am simply seeking the company of words. Words, mine at least are without make-up. Without structure, they belong to no framework, no prerogative they are simply mine. Certain people think of me as rebellious and pretentious. Perceptions are so hard to break. They’re made of prejudice, intolerance. They obey to bias. It’s has been a while that I’ve decided not to answer this kind of violence.
Nevertheless, my friend, your voice reassures me and your remarks are like a sun shine in a gloomy day.
I am a nomad from the south, the east, the west and the north. My identity is not one but many. I carry many stories, many laughs and sometimes sorrow.
J’ai pensé à ce qui pourrait englober le tout. Ma vie pour une seule phrase, quelques mots tout aussi incisifs les uns que les autres qui serviraient de bistouri, de points de suture et pourquoi pas de pansement. Nordique, je suis devenue à force de courir pour échapper aux chimères. Du coup, je me suis débarrassée lentement de ma peau, de mon identité, de mon incohérence de métèque, de ma peau de judéo-musulmane. J’ai tenté de m’habiller de moules qui ne me convenaient guère. J’ai fait éclater les grottes qui n’ont donné que gravats alors que je cherchais l’émeraude à l’oeil de tigre. J’ai tout remis en question. La sainte famiglia, la sacro sainte pudeur, l’intouchable honneur. J’en avais hâte d’en finir avec les innombrables voiles qui ne faisaient qu’alourdir le quotidien, qui sclérosaient toute tentative d’innovation. J’avais mal, mal en moi, mal en ma terre, mal en mes racines. Du coup, j’ai effacé tantôt à coups de canif tantôt à coup de pinceau la grisaille de cette humanité qui tardait de devenir. J’étais devenue aigre. Et ce n’était pas pour rien que mon premier exil fut volontairement intérieur. Je me coupais d’eux, de leur vérité qui sonnait creux à mes yeux. Je ne voulais plus être des leurs. Mon premier exil fut fait de cacophonie, de silences lourds, mais j’étais enfin seule. Seule pour être enfin. Le devenir viendra plus tard entre la nostalgie de la terre que je retrouvais dans les bras de l’homme aux innombrables visages. Je me foutais bien de savoir qui il était en autant que je pouvais encore une fois humer le parfum de la terre lors des premières pluies. Vint l’exil, celui des catimini, du non dit, de l’impalpable irréparable, le point de non retour, mon refus de clamer leur bravoure. Les persiennes closes, celles des coeurs, celles de la raison dictée par d’autres raisons. J’ai fait mes bagages, fatiguée de les voir noircir la grisaille. Mais restait la terre, source de ma nostalgie et de ma mélancolie. Quand la terre gronde, je l’imagine m’appeler. Depuis, j’erre entre les lignes, entre les bombes de mon impatience, entre les tirs de ma conscience, les déflagrations de mes insouciances, les éruptions de mes passions. Je barbouille les murs meurtris du temps et me recompose avec l’illusion de l’errante. L’an prochain, l’an prochain et je continue avec mes espoirs accrochés à mes jambes. Orpheline de l’espace, je demande adoption à la terre et je continue mes errances à défaut de plonger dans la survie à outrance.

El Bicho, Contigo