Posted by Hello

Rêveries persanes. Ghazal. Souvenirs de voyage. Encore une fois, je m’inspire des voyages des autres. Moi, la nomade, je ne voyage plus. Je ne suis plus les étoiles, je me contente de les regarder de loin. Pourtant, le ciel me manque. Rien ne me manque autant que le ciel. Son bleu est unique. Ce soir, ma terre me vient à l’esprit, j’ai longtemps balbutié des mots pour la retrouver. Ce soir, elle divague, je vous le dis. La réalité lui joue des tours, faut la convaincre de changer de peau, de devenir un personnage comme moi. Ce soir, alors qu’elle rêve d’ailleurs je lui vole la parole car vu qu’elle a décidé que je n’étais qu’un personnage autant jouer. N’était-ce pas Renoir qui faisait dire à Sylvana Mangano: Mais où s’arrête le théâtre et où commence la vraie vie? Enfin quelque chose du genre. Laissons-la dormir et je pars à la rencontre de mon étoile. A chacune son parcours.

-« Dis, Lilith, les étoiles ça use? Ça use quoi ? »

-« L’imagination, tu sais le jeu de let’s pretend. Let’s pretend I am Lilith and you’re you, I mean really you. So close your eyes and picture the dawn of life, your life, not mine.

Tu vois, là-bas au loin, la poussière se lève. Des gueux passent la journée sous le soleil ardent. Un autre monde beauté, un monde sorti de l’époque médiévale. Ils s’agglutinent dans l’allée, cherchant avec peine à pénétrer la sainte enceinte. Les échoppes minuscules cachent

des regards venus du fin fond de l’océan, des yeux de murènes. Ils s’agglutinent a la recherche d’un sort a jeter aux pauvres bougres et bougresses qu’ils voudraient disparaître de leur vie. Ecriture sur papier jauni. Des créatures presque humaines et rappelant l’état de larves, ici le cirque, l’autre cirque celui qui vient hanter tes nuits sombres que tu persistes à vouloir lumineuses. This is not the beginning. Et ils sont là, marée humaine à espérer, les uns la rédemption, les autres la guérison. Ils sont là à espérer un signe caché que le saint leur révèlera à travers les mots d’une voyante ou d’un fqih. Se sont-ils jamais posé la question? Tu vois, si cette cour des miracles était bien celle que l’on pensait. Crois-tu que ces charlatans seraient ici? Ils auraient déjà trouvé le secret, celui de faire jaillir l’or des cendres, les diamants ou tout autre pierre précieuse de la fange et ne serait pas là à te faire miroiter les richesses interdites. Fanure, voilà qu’est cette cour des miracles, fanure tout simplement. A chacun ses fariboles. Certaines douées de faconde te liront un avenir précieux, d’autres feront fondre du plomb pour ensuite l’asperger d’eau. Verdict? Oxydation, traduction le sort que l’on t’a jeté gît sous la terre rouge. Plus loin, les factotums te pousseront, te diront quoi faire et ne pas faire à l’intérieur de l’enceinte sacrée. Et tu resteras béat devant ce monde qui rappelle la

genèse longtemps étouffée. Ici, au lieu de gauler des fruits, ce sont des vies humaines que l’on cueille. Les vrais naufragés sont ceux qui errent d’échoppe en échoppe cherchant la vérité qu’ils cachent en eux. Les yeux navaja obséquieux des gueux que nous sommes tentent de déterrer les malédictions prophétiques lancées et éparpillées aux quatre vents. Volenti non fit injuria. Et sur ta peau éburnéenne se dessinera le signe de la temporalité galopante fuyante.  »

-« Lilith, je te parlais d’étoiles. »

-« Et moi du monde derrière les étoiles. Tiens, viens allons de l’autre côté de l’enceinte. Tu l’aperçois la koubba et tous ces êtres qui y accourent. Les étoiles sont en eux et ils ne le savent pas. Ici et là, ils commencent à ressembler à ces plantes urticantes et le souchet en toi ne demandera qu’à s’envoler. Prestissimo me diras-tu. Sortons d’ici prestissimo. See I told you pretending could be hard on your soul. »