Je m’en vais vers toi. Toi qui sur mon parchemin peindra les belles couleurs de l’automne. Dans mon occident plein de ta présence, je plante des graines qui migreront avides de soleil. Sur d’innombrables sourires je cherche tes lèvres. L’océan fredonne un chant qui ne porte pas ma voix. De toi, homme promis, de ta présence mes matins en débordent. Je te demanderai de me conter les nuits originelles. Ce soir, tes paroles sonneront pour chanter les nuits unifiées. La lune déclinera quelques mots au passage. Le figuier tiendra la lanterne et le lierre montera au ciel.
Je logerai au pied de l’arbre. Tomber en amour tout en mamours n’est-ce pas là une chute en avant ? J’accélère et retombe en enfance. Je m’arrime, je suis mon propre securing device. Libre, nue, je m’affranchis des codes, je les décompose, je ne prends plus la fuite. L’obscurité ne me fait plus peur, mes fenêtres sont exposées aux brasiers de la vie, mes fondations ancrées égrènent ma généalogie incertaine. Toi, l’homme, tu résides sous ma peau, coules, m’étreins. Je parcours ta mémoire, ton ossature, animée d’une foi épandue. Mon imagination abuse de moi. Je me projette, ta voix m’interpelle. Je suis à la limite de l’enfance. J’ai vu mes larmes dans le bassin. Ma puberté est une symphonie triste. Les histoires aux replis soyeux nous collent, nous suivent, entretiennent la nostalgie de la pureté. Sur les rives de l’ocean, tu souffles sur le sable afin de nettoyer les pages de ton livre. Tu me dis ne pas vouloir d’histoires sans vent. Et toi, l’homme, dis-moi irons nous jusqu’à l’extinction du désir? Verrons nous les perce-neige annoncer l’éternelle saison à venir? La cinquième celle que nous saurons inventer. La rosée, tes psaumes, les fleurs écloses au gré des courants
Ce soir, le paysage sera défait. Je vivrai au fin fond du jardin là où les iris s’allient à ton regard, là où les fleurs de l’oranger improvisent un tapis. Au son de ta voix, je m’endormirai par une nuit fluide, ma vie suspendue à tes paupières m’offrant une myriade d’étincelles.
Lettre au mâle II
14 mercredi Sep 2005
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..et toi, la femme, dis-moi, irons-nous jusqu’à l’explosion du désir? Apercevrons-nous nous les pique-bœufs chatouiller les sillons des labours-amours à venir ? Le septième ciel vers lequel je saurais te monter. Le rosé frais, le champagne pétillant, les vers, les sourates, les grappes et les perles qui s’égrènent au gré des psalmodies des poètes maudits.Ce soir, ta coiffure sera défaite. Je te pousserai au fin fond de l’obscurité, là où l’iris de tes yeux éblouira les regards indiscrets des voyeurs, là où les feuilles des palmiers tissent un sommier de dattes de ta renaissance. Au son de ton silence, je me réveillerai par une aube lourde et humide, ma mal-vie disparue, enfuie à travers tes cils à peine entr’ouverts et d’où jaillit un fou furieux feu d’artifice … laroussi…qui fait mâle
il le fait mal en plus 🙂 :)kb…l’ami de toujours 🙂
Loula!.. tu avais promis de ne plus parler de moi 🙂 :):)kb…qui se limite pas à faire le mâle
blague à part…en te lisant j’ai envie de dire à tout un chacun « mets tes lunettes et viens écouter comme ça sent bon! » tellement tu interpelles de si belle manière tous nos senskb…grandes oreilles, gros nez et lunettes en fond de bouteille
Mohamed…tres joli ton textekb…bisharaha 🙂 :)(faites pas attention…je chochote..je viens de perdre les dents du devant
est ce que c de toi? en tout cas bo texte et émouvant.
Goodman, merci d’être passé et d’apprécier. Oui.M.L. & KB,Si vous saviez le plaisir que j’éprouve à vous lire. M.L. Beni Snassen bien frais fera l’affaire.KB, ne me demande pas de cesser d’en parler.Bon, continuons à repeindre l’univers car il est triste à en pleurer.Mwah
dis donc mon coco! j’espère pour toi que c’est pas mois que tu traites allusioneusement de pique boeuf…car je viendrai bien te picorer ton trouffion de laboureur-amoureurkb…porc épique 🙂
« Libre, nu, je m’affranchis des codes, je les décompose, je ne prends plus la fuite. « Cette phrase ne veut pas me lâcher depuis que je l’ai lu ce matin.
Loger sous la peau,s’affranchir des codes,peindre l’univers et bien d’autres expressions jalonnent et agrémentent ce texte magnifique:si langue francaise signifie -violon-,voilà Loula qui fait agréablement gémir cet instrument,lui faisant dire des mélodies autant originales qu’envoutantes.Mais ,dommage,toute la beauté de la symbiose de n’importe quelles amours finit par tomber en decripitude, et tout toit apparemment solide que l’on croit avoir sur la tete s’avère toit de paille:périssable.
C’est beau,beau.Sur d’innombrables levres,je cherche son sourire…
Najlae, serais-tu Najlae de CA?Je trouve ta phrase encore plus belle.Larbi, j’en ai fait mon moto. M’enfin, c’est une des innombrables histoires de Loula. J’inscris sur le kounnache afin de t’en parler à Paname.Fadi, mais ce ne sont que des mots agencés au gré de mes humeurs. J’aime bien observer les amoureux. Je les trouve candides, beaux, magnifiques etc. Dans toute histoire existe le doute, le défi n’est pas de durer, mais de savoir savourer chaque moment. Il n’est pas dit que les émotions sont éternelles, elles varient selon l’objet de nos désirs. Mais il n’est pas dit non plus que l’être, au moindre essoufflement, devrait baisser les bras. Ce serait une fuite. Ce que nous ressentons pour l’autre est pur narcissisme car il/elle nous renvoie une belle image de nous. Bien entendu, il arrive que nous montions des bateaux, que nous imaginions des amours qui sont soit impossibles, soit nocives. Nous commettons tous et toutes, à un moment de notre existence, des erreurs, c’est ce qui fait que nous comprenons l’importance que ce sentiment revêt. Il ne faut pas non plus tomber dans la cristallisation du sentiment à la Stendhal. Il ne s’agit pas de chanter l’objet de nos désirs, mais de chanter la beauté du tourbillon. Se laisser enivrer par la force, la brutalité, la fougue que procure ce vertige est en soi un don. La sensation de chaud froid qui s’empare de nous, sentir sa présence même quand il/elle est au loin. Ressentir ses pensées comme un acte de communion. L’éprouver est une bénédiction. Le voir grandir est une projection de soi dans l’autre, le nourrir est un acte de dévotion non pas seulement pour l’objet de notre désir, mais pour nous. Bref, je souhaite à ceux et celles qui n’ont pas connu ce tourbillon de le rencontrer un jour. J’ignore quand les amours meurent, je sais seulement qu’il nous arrive de détourner notre regard parce que lorsq’une histoire finit, deux êtres sont en cause.
aah nos histoires d’amours…« Eros » rime avec « féroce », d’aucuns en ont fait la douloureuse expérience…l’éros, c’est l’amour de désir, celui qui nous tend vers l’autre dans l’espoir farouche d’une complétude enfin apaisante. C’est l’élan qui part du manque ; la faim de cet autre, moitié de moi-même qui me fait cruellement défaut. Tout peut être tenté pour réaliser cette union, au prix même parfois de l’eros-ion de l’autre que je dis aimer et qu’il me faut assimiler. Il y a parfois une obscure analogie entre posséder et détruire. Je me sens si souvent aimant…pourtant l’autre se sent plus aimanté qu’aimé ! pour parvenir à attirer l’autre dans mes voluptueux filets, je vais ciseler patiemment l’arme de ma séduction. Nous oublions trop souvent que « séduire » vient du latin « seducere » qui signifie « séparer, détourner ». dans le Robert, l’acceptation commune de « plaire » ne vient qu’en cinquième et dernière position.Les séducteurs ou séductrices sont souvent passés maîtres –enchanteurs et ce qui nous est extorqué est en général notre identité. A l’instar d’Adam et Eve, ceux qui se sont laissés séduire par l’éros enjôleur, peuvent connaître l’exil après le paradis…Cela ne veut pas dire que l’éros et le charme sont à bannir mais il convient sans doute d’œuvrer intérieurement pour développer plus de plénitude afin que l’autre puisse être aimé dans son altérité et que s’ouvre la coupe de l’ « agape ». L’agape, c’est l’amour qui se donne depuis son « plein » et qui déverse sa prodigalité sans calcul.L’agape n’a pas besoin de charmer, il coule de source… l’autre peut s’y désaltérer lorsque l’amour demande l’avait altéré.L’amour de besoin l’avait certes rendu « autre que lui même »..- « je vous aime !»- « c’est étrange que je m’en sente pas mieux pour autant… »il y parfois dans un désir fougueux tout le terrorisme inconscient de l’être qui cherche à captiver ce qu’il a reconnu chez l’autre comme nécessaire à son unité…kb…amourologue à ses moments perdus 🙂
Loula> oui,Najlae de CA (jusqu’a ce qu’une autre najlae rejoigne la blogosphere intime). Un texte bientot sur des amours qui meurent?xoxo
KB, Alors, là, tu deviens Julia Kristeva. C’est fou ce que tu me rappelle Kristeva quand tu deviens amourologue.Loula qui préfère l’agape à l’éroset qui se méfie de l’érotomanie
Najlae,En préparation:-)
mirci de nous dorloter 🙂
Sacrés KB et Loula,J’ai lu vos deux commentaires avec un énorme plaisir et une folle avidité.Il n’est pas seul à être amourologue notre KB;Loula aussi s’avère l’être.Quel tandem de psycho-amourologues!Veuillez demeurer généreux dans la production de vos savoureux écrits.Fadi.