Je m’en vais vers toi. Toi qui sur mon parchemin peindra les belles couleurs de l’automne. Dans mon occident plein de ta présence, je plante des graines qui migreront avides de soleil. Sur d’innombrables sourires je cherche tes lèvres. L’océan fredonne un chant qui ne porte pas ma voix. De toi, homme promis, de ta présence mes matins en débordent. Je te demanderai de me conter les nuits originelles. Ce soir, tes paroles sonneront pour chanter les nuits unifiées. La lune déclinera quelques mots au passage. Le figuier tiendra la lanterne et le lierre montera au ciel.
Je logerai au pied de l’arbre. Tomber en amour tout en mamours n’est-ce pas là une chute en avant ? J’accélère et retombe en enfance. Je m’arrime, je suis mon propre securing device. Libre, nue, je m’affranchis des codes, je les décompose, je ne prends plus la fuite. L’obscurité ne me fait plus peur, mes fenêtres sont exposées aux brasiers de la vie, mes fondations ancrées égrènent ma généalogie incertaine. Toi, l’homme, tu résides sous ma peau, coules, m’étreins. Je parcours ta mémoire, ton ossature, animée d’une foi épandue. Mon imagination abuse de moi. Je me projette, ta voix m’interpelle. Je suis à la limite de l’enfance. J’ai vu mes larmes dans le bassin. Ma puberté est une symphonie triste. Les histoires aux replis soyeux nous collent, nous suivent, entretiennent la nostalgie de la pureté. Sur les rives de l’ocean, tu souffles sur le sable afin de nettoyer les pages de ton livre. Tu me dis ne pas vouloir d’histoires sans vent. Et toi, l’homme, dis-moi irons nous jusqu’à l’extinction du désir? Verrons nous les perce-neige annoncer l’éternelle saison à venir? La cinquième celle que nous saurons inventer. La rosée, tes psaumes, les fleurs écloses au gré des courants
Ce soir, le paysage sera défait. Je vivrai au fin fond du jardin là où les iris s’allient à ton regard, là où les fleurs de l’oranger improvisent un tapis. Au son de ta voix, je m’endormirai par une nuit fluide, ma vie suspendue à tes paupières m’offrant une myriade d’étincelles.