Je suis ronde, menue et ne demande qu’à être déshabillée, goûtée, savourée.
Déshabillez-moi chante la grande Juliette. Parfumée dans ma belle robe maltaise, je m’offre, insouciante, passive. Les mains me soupèsent, les doigts me caressent avant d’ôter ma robe. Certains doigts sont pressés, d’autres se font doux, quant à d’autres laissez moi vous dire qu’ils sont rustres. Mais, séductrice que je suis, je m’offre comme un cadeau du ciel, un rappel de la terre, un don de la pluie, un présent de la vie, une offrande incomparable, unique. Pulpeuse, juteuse, je me laisse croquer. Ils en redemandent, encore et encore. Bien après avoir été amoureusement admirablement humée, goûtée, croquée, sucée, bue, mon souvenir leur colle à la peau. Impossible de nier mon passage, comment pourraient-ils ? Mon parfum les poursuit. Personne ne me jalouse car tous et toutes me désirent, ils se battent pour êtres les premiers et derniers à jouir de ma présence. Je suis l’ensorceleuse, la charmeuse celle que l’on recherche quand l’hiver nous enveloppe. Puis, comme toute belle séductrice, je disparais les laissant ardents de convoitise de me retrouver, de me déclarer concrètement leur flamme le temps d’une saison.
Délicieusement vôtre,
L’irremplaçable clémentine marocaine