Femme se promenant dans une forêt exotique, Henri Rousseau aka Le Douanier Rousseau (1905)
Dimanche, quel jour maudit. Je n’ai jamais aimé les dimanches. Des journées aux ruelles vides, sauf pour les militaires en permission puant l’alcool et a l’affût d’une victime. Mes souvenirs des dimanches étaient le hammam et les films égyptiens qu’on déversait sur ma culture tel un épandage d’insecticides nauséabonds. Comme si les créateurs du pays étaient muselés, vacuum total, jamais un seul film sur soi, toujours les
autres, dépeignant la vie sale et méchante si l’héroïne avait la faiblesse d’être belle et amoureuse de la vie. Un incident me vient en tête. Un dimanche, j’avais emprunté une rue déserte après être allée reconduire ma tante au terminus de la CTM. Je marchais en pensant qu’il était aberrant de voir cette rue si déserte et me demandais où étaient passés les millions d’humains qui habitaient cette métropole. Un homme s’est approché de moi. Il titubait et puait l’alcool. Il voulut se saisir de mon bras, mais mes réflexes furent beaucoup plus rapides et je réussissais à éviter son contact. Il commença à me poursuivre en me traitant de pute, d’allumeuse. Je n’avais pas encore quinze ans. Du coup, je compris que je n’étais qu’un corps dans le regard de bien des hommes. Je suis allée jusqu’à m’imaginer que cet homme pouvait facilement être père d’une fille de mon âge. Un monde de pédophiles en puissance. Tout comme les chauffeurs de ces voitures stationnées près des lycées. Ils attendaient patiemment que ces petits bouts de femmes pas encore écloses montent dans leurs autos. C’est là que les jeunes lycéennes commencent à réaliser qu’elles ne sont que de la marchandise, et qu’elles ont un prix. C’est ici que se décide l’avenir incertain de pas mal d’entres elles. Et ces hommes respectables rentrent chez eux le sourire intérieur aux lèvres d’avoir sauté une jeunesse, engueulent leurs filles si elles sont un peu maquillées, exigent que leur hymen soit intact. Ça s’appelle l’a3rd, eh foutu honneur! En avant le bal, comme cette camarade de classe qui s’amusait a injecter des piqûres pour provoquer menstrues. Toujours cette peur de perdre la face et la faire perdre à la maudite familia. Elle est belle la familia! Mais maintenant, il fallait s’enquérir de l’honneur de la nation! Non, mais c’est de mon corps qu’il s’agit, pas du tien morveux gribouille papier! Je repense au foutu journaliste condescendant allant jusqu’a insinuer que les marocaines étaient putes dans l’âme. Plus
phallocrate que ça, tu meurs! Plus que ça? Plus que ça quoi, crache-le ton morceau, au lieu de broder, c’est un article pas un éditorial. Il m’aurait bien invitée dans son lit si je lui avais offert une nuit gratuite. Comme si moi, elle et l’autre avions une quelconque importance
aux yeux de cette nation. Pourquoi j’ai choisi ce métier plutôt qu’un autre? Pour la retraite anticipée, Smalto! Elle est bonne celle-là. Ce n’est pas une profession a long terme, à 40 ans et si tu es pas froissée du tout, il te faut penser à jeter la serviette. C’est que c’est dur sur le
système tous ces visages, ces voyages, cet anonymat complet. Les gens t’évitent comme la peste. Puis, tu développes un culte pour ton corps, pour tout ce qui est plastique. Tu paniques à la moindre ride. C’est pas un métier, c’est quasiment entrer dans les ordres! Mais tu peux bien écrire que j’ai une éthique professionnelle, au prix que je leur charge. Le client est roi enfin tant qu’il ne décide pas de me refaire le portrait ou de me substituer à sa bobonne. Tu sembles surpris. Des exemples? Secret professionnel. C’est pas parce que je fais le tapin que je puisse me permettre de divulguer les secrets de ceux qui mettent du beurre sur mes épinards. Non, je vais te dire, ce métier n’est pas plus avilissant qu’un autre, ceux qui me montrent du doigt fantasment au moins une fois dans leur existence. Et toutes celles qui rougissent à mon nom, le feraient pour un regard de leurs jules. La vie, Momo, est bizarre. Faut jamais être sur de soi encore moins du regard qu’on porte sur ce capharnaüm qu’est l’existence. Allez, puisque je suis si bien partie et que tu as une bouille sympa et surtout parce que tu me lorgnes pas le bassin comme un cocker triste; je vais te parler un peu. Mon enfance? Des plus heureuses. Pas de complexe d’Oedipe mal soigné. Ah, j’oubliais, un salaud de cousin qui essayait toujours de me mettre la main dessus. Tu souries, sauf que je ne pense pas que tu sois le genre à essayer d’abuser d’une enfant de huit ans. Allez, sois pas triste, j’ai toujours su me défendre même contre les grands méchants loups en jellaba. Tu dois avoir une petite fille toi. Il me regarde incrédule. Fais pas cet air là Momo, je continue ou je m’arrête? Il me fait signe que oui. Ma parole, j’ai déjà vu sa tête quelque part celui-ci, où? Je n’oublie pourtant jamais un visage. Faudrait peut-être que je songe à me recycler. Tu dois me trouver pas mal éméchée, pas grave aujourd’hui j’ai décidé que je prenais congé. On devrait déclarer une journée internationale des prostituées, ben pourquoi pas? On rend quand même service à l’humanité,
non? Que l’on mate en plein trottoir ou dans le jet set, le résultat est le même, koul wa7ed 3la ked 7alou l’ami. Ce n’est pas parce qu’ils sont un tantinet friqués que mes clients sont différents des autres hommes sur terre. C’est pas des dégénérés non plus. Non, ils ont juste besoin de se prouver qu’ils sont uniques. On est tous un peu narcissiques. Et eux le sont un peu plus que la moyenne. Je parle, je déblatère et tu es là à m’écouter. T’avais pas de questions à me poser? C’est quand même drôle, mais j’ai la certitude que ce n’est pas moi que tu regardes. T’as l’air d’avoir brisé le coeur de quelqu’un toi ou d’avoir eu le cœur en mille morceaux. T’en fais pas, ça arrive à tout le monde. On est tout simplement humain. Allez, viens on va aller dans un endroit inconnu à tes yeux chastes. Bah! T’en fais pas, je ne te violerai pas Momo. Je vais juste t’emmener voir tes compatriotes, les parias.
L’ambiance est bonne enfant, la voix de Fayrouz jaillit des hauts parleurs. Il y a beaucoup de jeunes femmes, tout aussi bouleversantes les unes que les autres. De vraies beautés. Très peu d’hommes, journée de famille pour la plupart d’entre eux. Certaines viennent embrasser Malika, elle leur présente Momo comme le petit frère prodige. Certaines se cabrent lorsqu’elles apprennent qu’il est journaliste à ses heures. D’autres le taquinent. Il a l’air perdu devant tant de femmes, mais il n’est pas Marcello et elles sont réelles. Le silence, le brouhaha des voix. Une
mélodie invitante, les filles dansent, éclatent de rires joyeux, se donnent des nouvelles de leurs familles de leur enfants, de leurs mecs. Il promène son regard sur toutes femmes que certains voudraient meurtrir et avilir. Le rythme lancinant de la mélodie l’invite a fermer les yeux et à se remémorer une tranche de vie. Les magnolias en fleur. Les promenades dans les bois pour
enfin apercevoir cet oiseau dont elle ne cessait d’imiter le chant. Pris d’un vertige, il ouvre les yeux pour échapper à tant de souvenirs. Il ne voit pas la silhouette danser, sa vue lui joue des tours. La fatigue pense-t-il. La femme s’approche de lui, le prend par la taille et demande avec un mélange de pudeur et d’effronterie: me ferais-tu danser Momo? C’est du Fellini essayait-il de se convaincre, c’est du Fellini.
©Loula
Take me dancing Loula! Moi et Momo,on adore la musique,celle des coeurs et des corpsXOXO
Bon, je ne sais pas pourquoi… mais je me rappelle d’al pacino, dans The devil’s advoacte.. ou il se décrit comme un humaniste.Pourquoi pas une jounrnée pour le diable ?Tiens diable et femme :)Ayoub… lesbien :):):)
clapclap à la miss loula…l’apprentie écrivaine
fanida> pas apprentie. Juste ecrivaine, la Loula.Loula> tu crois que je t’ai pas vue te reveiller a des heures induses pour modifier la playlist! ach hadchi? ma bqa lwahed il dort plus de 3 heures? :))Just finished my presentation.they liked it.we’re re-working the script and the editing.HUGE MWAH
Très beau texte Loula,Moi aussi je déteste les dimanches, tristes et toujours gris je sais pas pourquoi. Je déteste les vieux cons qui draguent devants les lycées, et je déteste au dessus de tout ces gros mots creux: charaf, 3ard….Les prostituées m’ont toujours intéressées, des fois je les trouve courageuses, d’autres lâches et insupportables, mais elles me fascinent toujours.J’aime ton post
Aloha from the underworld, Najlae, félicitations Zwina dialna. Ah! Quelle merveilleuse nouvelle! Ok, promise I will take you dancing, but wait what kind of music do you like? By the way one of my very good friends leaves near you, moins de 100kms comme quoi les distances d’est du gâteau sur ce merveilleux continent:-)Quant à la playlist ash 7eb lkhater a zwina? Man on peut plus passer inaperçue même aux p’tites heures du matin:-)Very proud of you Najlae, you rock girl!Ayoub, beau gosse, « 3ash men chafek ». Why not, tous les goûts sont dans la nature.Fanida:-)Mwah
Lives I meant lives. Gee, I need some sleep.
Chighaf, nous postions en même temps. Thanks, c’est un monde qui fascine.
Loula> When are you coming to visit your friend who lives close to me? :))Merci pour tes encouragements Loula,je veux vraiment que ca soit a good piece. It needs a lot of work.Quant a la zike,anything hispanic is good for my mood :))XOXO
Najlae,I invited him to come visit with his family but I could go too. Not now, maybe a long very long week end in May (Victoria Day) or July (Canada Day & 4th of July) who knows have to see if they have plans first.Ok, a lalla jatek lmousika , je vais juste nourrir mes petits amours et je viendrai changer la zizique avant d’aller au lit. Ma fortune (ou mnine) pour une nuit complète de sommeil.Mwah
A lot of anger in your article. But even more in my heart. I thought that I had resolved all my hard feelings towards those bastards, but here they are surfacing again just as I start reading your post. Lots of hard feelings and many unanswered questions. Back in Morocco, I was culturally shoked in my own bled before I decided to get the hell out of darkness. I stood there in front of the judge while my parents were getting their divorce ( my dad has been cheating and was remarrying a much younger one, but let’s say that’s not the issue). the judge told my mom in a very indifferent tone of voice » well, he wants to grant you a divorce provided that you don’t get any rights (child support etc… » the judge continues » » what do you say? » A stunning injustice from the very mouth of a judge was taking place before my eyes: my mom was divorced and so were her children! millions of women go through this ordeal every day in our bled. What kind of legal system gives a man the choice of not supporting his family? a system with no respect for women, a system made by men for men, a system of phallocrats. As patriarchal as our world is, do men in those dark areas of our world ever think of you as their moms , their sisters, their daughters? One last episode, a few months before leaving Morocco, a girlfriend invited my sister and I for dinner. She had organized a farewell get-together. Although she lived two blocks away from us, she came to pick us up (my sister and I)so that we weren’t bothered by guys wandering the streets in search of chicks for the evening. It was around 7 pm. After dinner, she offered to drive us back , of course…during the two minutes drive to our place, two cars packed with guys tailgated us… we drove further away from our place trying to lose them..One car got tired, the other one kept following. Smart as I thought I was , I asked my friend to park in front of the commissariat, » The police will scare them away » quite the opposite happened, one guy got off the car and said to us: « what, you think that the police will scare me? » he sweared and called us all kind of names, he also grabbed my sister’s arm and tried to pull her out of the car..in the meanwhile eleven police officers were standing outside of the station..it was their night shift. they witnessed the whole scene without moving. I yelled at them, how can you stand there and watch do something…one of them answered do you know the guy! no for god’s sake! well how come he is insulting you and…? because we don’t want to talk to him , because we want him to stop following us. My friend ran inside to call the police chief and made a phone call to her family. I am going to stop right here: the policemen outside said they didn’t see anything, the police chief said that if we wanted to pursue a complaint, we will get into a Seen wa Jeem (Q & A) which will include questions such as what are you doing outside at this time of the night? so just drop it, I asked that the guy at least apologizes and I turned to the guy: what if we were your sisters, your mom or a relative? would you accept that this happens to them? He answered » My mom and my sister don’t got out at this time of night. » Voila! Now how many years ’till female and male relations are based on respect, consideration and other civil like values?Loula sorry for taking so much of your space and time, you have awakened those troubled waters. Ouf, I better go get a little booz..LOL
te lire et relirec’est fellinienje partage l’avis de chaghaf,les prostituées sont les rares femmes qui s’assument au bledpour te copier, mwaaaahbishara…p’tite copieuse
Bonsoir,Zalamoka I hear you sister, have one on me:-) Blog is yours you can express yourself as much as you want. Anger, yes sometimes but I tend to laugh about what hurts cause when it hurts it hurts really bad. That’s life.Bishara, M.L. avait raison je vais le © ce mwah:-)Bonne nuit tout le monde