
Texte de construction de Marib,IIIè siècle ap. j.-c.Albâtre, H. 43,5 cm,Musée national de Sanaa, Yemen
Mardi, journée ensoleillée. Spring has sprung. Je vais à ma rencontre. Je plonge en moi et ailleurs. Ici et nulle part. Je passe mon temps à me remémorer des tranches de vie.
Who do you love?
Les mots prennent forme, puis me quittent, je tente de les retenir, de déposer sur chacun d’entre eux un léger baiser. Ils m’échappent. J’imagine les porter à mes lèvres, les caresser du bout des doigts, les laisser m’effleurer. Je les imagine courir sur mon dos, s’arrêter à la naissance de mon cou, remonter à mes lèvres. Les mots, mes maux, mes amours passionnelles.
Longtemps, j’ai été sans voix. Je laissais les lettres danser, former d’étranges unions et découvrais à mon grand étonnement que la parole n’était pas tout. Un plaisir sans cesse renouvelé. Le vent s’exprime tout autant que le bruissement des feuilles, l’herbe sous les pas, la houle par mer déchaînée, un plancher de bois qui craque, alors pourquoi aurait-il fallu que moi Loula puisse faire entendre le son de ma voix? Cousins, cousines, tantes et oncles compétionnaient pour avoir le dernier mot. Il fallait crier plus fort que les autres, se faire entendre, affirmer sa présence. Des joutes verbales épicées d’intonations propres à chacun des forains, c’est ainsi que les nommais en silence. Pour éviter d’être assiégée, j’ai choisi le silence. Pour éviter de me soumettre à la brutalité, je m’interdis la parole. Je reste en moi. Je me retranche. Je refuse les regards. J’évite les couloirs. Ma solitude est un immense continent. Je dessine des mots sur les murs, dans le vide. Les laisser pour m’endormir est l’ultime douleur. Je dors en position foetale. Les mots sont ma mère. Mon sommeil est agité, je cherche leur réconfort, leur émotions, je les rêve. Je leur poursuis, ils m’échappent. Je les porte, ils me pénètrent, courent dans mes veines. Eclatent des feux d’artifices en moi. Je deviens sujet de leur caprice. Ils me dévorent. Me séduisent, m’anéantissent et accouchent de moi. Ils disparaissent. Un amour qui ne vient pas. Je suis absence. Non sens. Néant plus qu’étant. Ils reviennent m’habiter, font de moi l’incendiaire, la pyromane. Brûler avant les semailles.
Tous les matins, je m’examine les doigts en les obligeant à écrire. Mes yeux, en les forçant à lire. Les mots sont ma terre, mes craquelures, mes ondées et mes averses.
Now that solitude fades fast
Like a hunting nightmare
Hope gathers accross my eyes
And words fill the void
Exquis…ça me ramène des années en arrière, où je me réfugiais dans des mots refoulés, d’ailleurs j’ai gardé une habitude depuis: me parler tout le temps, à l’intérieur de mon sein c’est un brouhaha ininterrompu… des mots bouillonnent en moi, des mots m’habitent des mots qui m’ont choisis comme écrin des mots et des mots…toute ma vie se résume à cela : une perfusion de mots
sublime hommage aux mots,les mots, notre seule monnaie d’échange pour s’offrir l’éternité…
First I love Loula.L’Homme est une page disperséeMots pasPorteraient nos pasLoin du mondePourtant siSi Si Si.J’irai dans les eauxDéraciner la toiture de ton vocabulaireToi beauté, toi parfum de coriandreToi toujours sous les lampadairesToi peser .. Toi comprendreMoi reconnaître tes motsComme femme reconnaît les pleurs de son bébé.Aux astres les offrandesA nous la jungle de nos visages.J’iraiDiscuter langageL’intimementL’épaveSublimé(e)J’iraiBallotter la pommeCollée au jourDans le langageDoucementJ’iraiNous ironsTordre d’attenteL’attenteChasser par les motsLes mauxLibérer par la paroleLa paroleAvec la langue seuleJ’iraiNous ironsNourrir d’oasisNos feux, Nos embrasements Nos guirlandesFigure-toi Loula …Quand ils se perdentLes enfants marchent Dans le sens opposé au soleil. MarchonsDans le sens opposé Aux sonneries des portablesVenant des poches des cadavres.Prépare-toi Loula … MarchonsNos mots porteront nos pasEt nous, porterons le monde.
superbe description, vraie surtout franche,d’une relation sans pareils avec les mots, osmose, alchimie….. en entrant aujourd’hui dans ce blogj’ignorais que j’allais assister à un bal majestueux où la pensée s’exprime chuchote hurle ,et où s’installe la danse à pas double:mots s’alignent se résignent selon la pensée et parfois mot engendre sa continuité!
tout comme toi loula, les mots sont mon unique refuge…je passe te lire, comme si je passe voire un film de temps en temps, et je garde toujours un beau souvenir…les mots sont sensés quand ils sont sages, fous mais JUSTES, ton don à toi loula, c’est que tu mets les mots sur le moindre geste, un souffle, une pensée légère soit elle, mais tu as cet art de mettre the right word in the right placeBishara…dans la planète des mots
Quelle danseuse,cette mot dite.Quel ruisseau sensuel tu nous invites à être afin de courir comme les mots sur ton corps, afin de se sentir doucement balancés, entourés, dévergondés par tant de féminité assumés.Difficile de croire que tu sois si fermée au monde extérieur et que seuls les mots…Non, il y a trop de rythme, trop d’allant et trop de beauté.D’aillleurs, il n’est qu’à voir l’invite de Laseine pour comprendre que d’autres hommes s’y baigneraient bien
a fine ghbertti a lehbila ? 🙂
Bonsoir la compagnie,Quel bonheur de savoir que j’ai touché une corde sensible auprès de chacune et de chacun d’entre vous. Les mots me manquent tellement les vôtres sonnent justent et m’émeuvent.Les mots sont notre refuge, notre étendard, nos flèches, nos amours. A eux seuls, ils nous résument. Mais je me plais à imaginer par moments ce que serait devenu l’humain sans les mots. Quelques petits mots prononcés à la hâte ont conduit des peuples à la guerre. D’autres ont signé l’arrête de mort de millions et cela continuent. Les mots nous jouent des tours et nous humains devrions apprendre à les soupeser avant de s’en servir. Je vous remercie de tant de gentillesse et de candeur à mon égard.Maintenant, à nous Larbi. Lehbila:-) que je suis n’était pas très loin. Juste la routine du boulot et un tas de choses à mettre en route. Ceci dit, j’attends tjrs le compte-rendu de la soirée panamienne par e-mail (non 3arroub, je n’oublie rien:-))Mwah