Je suis toujours étonnée de lire ceux et celles qui espèrent la prison pour d’autres dont le seul crime est de dire tout haut ou encore écrire ce que d’autres pensent tout bas. Je me demande même s’ils savent de quoi ils parlent quand ils parlent de prison. Je me demande aussi comment ils deviennent donneurs de leçons. La prison, ce n’est pas le Club Med et je ne pense pas qu’un écrivain, un journaliste, un crieur public doivent être mis sous verrous parce qu’ils s’expriment. Il faudrait alors mettre en prison tous ceux et celles qui possèdent une langue, des doigts et s’en servent pour s’exprimer. Et le Maroc serait vide, si vide..
J’avoue n’avoir jamais compris le zèle de certains plus royalistes que le roi et plus divins que Dieu.
J’ai lu quelque part que nous n’avions nul besoin de barreaux pour manquer de liberté. Les gardiens sont partout quand nous ne le sommes pas nous-mêmes. Nous avons beau vivre au paradis, hélas les murailles nous enveloppent. On nous dit qu’elles ont disparu. Malheureusement, elles sont aussi présentes qu’auparavant, mais non nous dit-on voyez ce que nous sommes devenus. Qu’importe puisque les gardiens ont décidé que les portes devaient être fermées. Que nous sommes obligés de vivre en nomades dans nos propres têtes, dans nos propres corps..
Une de mes profs de français nous récitait souvent un poème d’Eluard. Je ne me souviens plus du poème au complet:
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désirs
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer: Liberté.

Je ne recherche ni le débat ni la polémique car je préfère espérer une meilleure issue le 15 janvier. Effaçons donc ces murailles, ces barbelés qui n’en finissent pas d’approfondir leurs sillons sur une liberté que l’on ne cesse d’enterrer. Voeu pieux car juste à penser que cela recommence, je n’ai même plus envie de parler, plus envie d’écrire, juste espérer que l’on ne continue plus cette hypocrisie. Laissez-nous rire de nous-mêmes!