Alors que Myrtus nous gratifie d’un reportage documentaire sur l’Iran, une envie folle me prend de partager avec vous mon coup de coeur de la semaine à savoir le dernier roman de Nahal Tajadod: Passeport à l’iranienne. Faut avouer que j’ai commencé par Soie d’Alessandro Barrico, suivi de Lost History de Michael Hamilton Morgan, j’ai plongé tête première dans Passeport à l’iranienne de Nahal Tajadod et je découvre par hasard Marjan Mastrapi et son Persepolis. Bref et je ne vous parle pas du dernier fini dimanche soir. Que du bonheur pendant 5 jours!
Bon, maintenant retournons à mon coup de coeur. Nahal doit renouveler son passeport afin de quitter l’Iran qu’elle visitait puisqu’elle habite Paris. Réalisant qu’elle ne peut quitter le pays sans ce précieux document, elle doit prendre des photos. Hésitant entre les ateliers Mehdi et Ecbâtâne, elle opte pour le second nom de la capitale légendaire. S’ensuit une épopée digne des travaux d’Hercule si vous êtes helléniste, d’Astérix si vous aimez la BD, mais mieux vaut rester dans l’histoire persane et penser au héros légendaire Rostam. Les deux frères photographes, Morâd et Hassan, lui présentent un docteur légiste du nom de Askarniâ mais qui ressemble au chanteur Sattar en plus petit qu’il aime préciser. Le sosie de Sattar se porte volontaire de lui faciliter la tâche et obtenir un passeport en un temps record puisqu’il fait une faveur à un colonel en pratiquant une autopsie sur le cadavre du défunt cousin de ce dernier. Bref, faut passer par plein de monde, monter descendre des escaliers, remettre les cheveux sous le foulard, cacher ses ongles d’orteils vernis, prendre des taxis, marchander, faire preuve de patience et attendre. Au delà de ses douze jours d’incertitude car obtenir un passeport ne signifie pas pour autant avoir le droit de quitter le pays, Nahal Tajadod nous dresse le portrait de la société iranienne et tehranie.
Il y a Eskandari, le gardien de l’immeuble qui n’a plus de nouvelles de son fils (mort certainement) en Suède et qui espère comme tout parent en avoir et donne à quiconque part vers ce royaume scandinave un numéro de téléphone qu’il garde jalousement.
Il y a Mohtaram la femme de ménage qui aide Nahal quand celle-ci est à Teheran, s’occupe de la petite de cette dernière et qui considère que tout ce que Nahal laisse derrière lui appartient forcément.
Hamid le toxicomane, fils de Mohtaram qui s’occupe de faire la toilette de l’oncle de Nahal depuis que ce dernier est paralysé des jambes. Il y a la femme de Hamid, la soeur de Hamid. Il y a Hashem le mari de Mohtaram qui se remémore des mots anglais puisqu’avant la révolution il était serveur dans un restaurant huppé
Il y a la tante maternelle, femme du paralysé qui refuse de baisser les bras devant l’état de son mari et ne jure que par le Dr. Basheri, kinésithérapeute spécialiste des régimes amaigrissant et qui rêve de s’associer avec Gérard Depardieu dans une lucrative affaire de franchise Adidas. Il y a Sâbeti qui ne fait qu’upgrader les satellites que tous les Iraniens cachent et qui ne jure que par le café français que Nahal lui offre car travailler en buvant ce nectar est du luxe. Il y a les femmes chargées de vous dire de remettre votre foulard en place ou de cacher votre cou qui sont partout et qui pensent autrement que leurs mères, car la révolution use même les plus coriaces. Il y a les jeunes du centre d’achat qui bravent les édits et risquent la prison pour une mèche qui dépasse. Il y a ce message qui témoigne de l’horreur du début de la révolution qui a mal tourné aux pages 156-157 et qui dit ceci:
Le vendeur extrait de son tiroir une coupure de presse sur laquelle se trouve une photo du commandant des forces armées de Téhéran posant devant un tableau qui porte les inscriptions suivantes:
Rouge à lèvres criard? Ne pas inciser. Retirer avec un kleenex
Maquillage choquant? Ne pas verser d’acide. Verser de l’eau de rose.
Manteau raccourci? Offrez gratuitement un tchador.
Foulard minuscule? Eviter de dire: « Soit tu couvres la tête, soit on frappe ta tête ». Descendez le foulard afin de dissimuler les cheveux ou bien coupez-les avec délicatesse.
Il y a Dâvar, l’ami érudit qui traduit La peau de chagrin de Balzac. Il y a Narguess, l’amie conseil qui sait tout, discute de tout, connait tous les coins branchés et underground de Teheran, qui conduit même quand les voitures individuelles n’ont pas le droit de se trouver au centre ville. Il y a les artistes marionnettistes dont Fayaz qui aidera à obtenir le passeport. Il y a la cousine style Crazy Glue qui veut absolument avoir des tuyaux pour obtenir son passeport. Il y a les chauffeurs de taxi ou âjâns qui font de tout pour survivre. Les cartes d’affaires absolument originales. Il y a le sud de Teheran qui a donné ses enfants à une guerre horrible. Il y a l’ancien et le nouvel Iran qui se chevauchent. Celle qui rêve de visiter Karbala et mourir et ceux qui meurent d’ennui dans cette cage qu’est le pays comme ils aiment le soupirer. Il y a les vendeurs illégaux de caviar. Il y a ceux qui ont fait du recyclage de vie une manière de vivre. Il y a cette séparation des sexes omniprésente et où se donner la main n’est permis que dans un aéroport. Il y a cette parano qui s’installe de peur que les voisins vous voient serrer la main du sexe opposé. Il y a la beauté de Roumi, les conteurs des héros légendaires et mythiques. Il y a la civilisation perse qui transpire malgré tout, il y a encore des gens qui vouvoient alors que la révolution a instauré le tutoiement. Il y a les montagnes, la poésie, la foi, des femmes qui ont réussi à récupérer ce que la révolution avait pris de force. Il y a l’enfance et l’âge adulte. L’incontournable târof qui est de rigueur et peut parfois vous vider de toute énergie. Cette illusion perdue d’avoir cru qu’un vent nouveau soufflait sur le pays et que la dictature serait chose du passé. Et il y a au delà de tout cela une société à découvrir.
Le style est simple, dénué de lourdeur, des moments d’humour et d’émotions. La narration se fait au rythme des jours, des crises, fluide et des moments cocasses.
i’m in the mood for persian! merci du tuyau!
Bises xx
humm ça donne envie de me remettre à lire un peu 🙂
Mwah à zine
Intéressant 🙂 moi qui connais pas grand chose sur la société iranienne je devrai le lire. Merci pour la partage lalla 🙂
PS : je suis en plein dans les croisades vues par les arabes d’Amin MAALOUF c’est fort instructeur.
Enjoy ladies, the book is really fun to read.
Mwah
SALUT VIVE HARAGA ET VIVE CANADA ET BYYYYYYYYYY ET BON CORAJA,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,?