C’est une adolescente sage, vive, brillante, sensible et éprise de justice. Alors que je pensais que la discrimination était chose du passé pour sa génération, voilà qu’une fois de plus; elle se retrouve à panser une plaie suite à une insulte.
Dans ce petit bout d’univers, il y a de tout. L’an dernier, elle s’est fait dire que vu qu’elle avait une ascendance arabe elle ne pouvait qu’être sympathisante d’un certain terrorisme quand elle demandait seulement de ne pas tomber dans le stéréotype. Puis, il y eut un autre incident qui la fit fondre en larmes. Aujourd’hui, quelqu’un l’a une fois de plus insultée en la traitant de juive. Elle sait que la personne est ignorante. Ce qui m’émerveille en elle c’est qu’elle ne supporte pas la banalisation des insultes à caractère discriminatoire. Elle me dit qu’aujourd’hui dans son entourage les ados pour insulter intimider quelqu’un le traiteront de juif ou de gay. Je me demande si tout n’est pas à refaire. Comment sommes-nous arrivés là? Souvent, je me suis fait dire qu’est-ce que j’aimerais avoir un peu de ton sang juif, tu sais marchander le prix d’une voiture. Hello, la dernière fois que j’ai vérifé être juif était une confession. A d’autres moments, j’ai entendu ostie que t’es dure en affaires, une vraie arabe. La dernière que j’ai vérifié était arabe quiconque parlait arabe. Evidemment, j’ai aussi eu wow tu fais trop amazigh. La dernière que j’ai vérifié, amazigh ce n’était pas une ethnie, mais un groupe linguistique.
C’est sans parler de Scorcese qui était ‘trop’ brun pour jouer avec les blonds du coin. Il m’arrive de me demander si par amour de ce multiculuralisme que j’ai hérité je n’ai pas condamné mes enfants à porter un fardeau supplémentaire.
Ce soir, elle a pleuré toutes les larmes de son corps. Ce soir, je n’ai fait que la bercer et lui parler avec tendresse. Je lui ai rappelé cette phrase que son oncle dit souvent : « what does not kill you makes you stronger ». Et cette autre phrase que mon amie prononce souvent: « les gens n’ont que l’importance que l’on leur accorde ». Seulement, ce soir, j’ai mal pour elle, mal pour cette société qui fait que les enfants répètent ce que leurs parents radotent. Marre de voir que dans les écoles même après tout le travail accompli ne sont pas capables de maintenir le cap. Ce soir, j’ai mal pour tous les enfants qui selon les autres ne font pas dans le moule à cause de la couleur de leur peau, de leurs origines, de leur différence cultuelle ou culturelle. Et juste avant qu’elle n’arrive en larmes, CBC dans un reportage parlait d’un exercice éthique où l’on demandait à des enfants de 4ème année (10 ans) de choisir qui sauver en cas de danger. L’exercice parlait d’un Acadien, d’un Canadien-Anglais, d’un Amérindien ou membre d’une Première Nation, d’un Chinois et d’un Africain (lire Noir) et demandait aux enfants de faire un choix éthique. Hello ? Comment en sommes-nous arrivés là ?