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Si ce n’était du maudit détecteur de mouvement, j’aurais été un peu plus sereine ce matin. Bein non! Ces derniers jours impossible de dormir sans la cie d’alarme n’appelle vers 3.00am. Il y a les pommes de terres à récupérer, les certificats phytosanitaires et les permis d’exportation. Il y a le temps qui file et le stress qui ne cesse de s’accentuer. Il y a la réservation à effectuer afin de s’assurer que les pommes de terre partiront avant moi. Le risque de ne pas aller dire au-revoir à Mia à cause des tubercules. Et la cerise sur le gâteau, je viens d’apprendre qu’un de nos amis s’est brisé le bras et quelques côtes quand l’arbre qu’il coupait lui est tombé dessus.

Le problème avec les mots c’est qu’ils font parfois défaut et faux bond quand il s’agit d’exprimer l’inexprimable. Ils n’en font qu’à leur tête pendant que je m’efforce de les retenir.

J’ai passé la nuit à leur courir après, pour ensuite me retrouver l’esprit hagard et le regard vide. Ils ne viendront pas, ne se manifesteront pas. Pas maintenant, je le sais, je le sens. Non, il y a bousculade, immense bouchon dans ma petite tête. Ils fusent de partout, mais refusent de rester. Sitôt pensés, ils manifestent leur autonomie. Les mots sont en grève. Ils revendiquent de la passion alors que je ne peux leur offrir que de la sérénité en cette journée. Une course effrénée, dont je suis incapable de décider du parcours, les propulse à travers mes veines. Ils deviennent froidure et doute. Chaleur et espoir. Telle une statue, je subis leurs vents érosifs, leurs saisons imprévisibles, leurs averses printanières, leurs tempêtes de neige et de sable. Je ne suis plus que crevasses, gerçures et sillons. Tout n’est qu’appréhension face aux mots déserteurs. Et je me retrouve à espérer le moindre petit arc-en-ciel.

Like a tormenting nightmare
Words haunt me
Then fade away
While shouting at me
Fill the void
Fill the void

C’est vieux, je sais, mais jm’a fous au bout du compte! Je vais sourire jusqu’à me démonter la mâchoire. Je vais être attentive et rêver en même temps, c’est ce que j’appelle le vrai multitasking. C’est pas tout, va falloir que j’aille en montagne chercher batata. Quoi, vous ne le saviez pas? C’est en montagne et dans des endroits isolés et loin de toute ferme qu’on produit de la semence de pomme de terre de haute qualité.