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Silencieuse, la ville somnole encore alors que j’imagine sa multitude de sons. Elle est mon repère contre les illusions galopantes. Un cœur en ordre et en désordre. Une longue lézarde défigure mon reflet sur le miroir embué. Pourtant à un centimètre près tout au long de la lézarde, la réverbération est nette. Aucune envie de me sonder de si bonne heure et encore moins d’astiquer le miroir ou ouvrir la fenêtre. Depuis mon arrivée, Gloria ne cesse de me répéter que je dois toujours tout fermer parce qu’on ne sait jamais si un voleur pourrait s’introduire dans la maison. La gringa que je suis comprend qu’on tient au si peu en notre possession. Je vérifie pour la nième fois les loquets des portes, refusant de sombrer dans la paranoïa. De toutes les façons, je passe pour une guajira. La rue est encore vide et du portal, je peux voir les appartements et maisons s’illuminer. En attendant que le jour se lève, je me laisse aller en me balançant sur le sillón. J’entends le bruit des vagues venir s’écraser sur le Malecon. La mer m’invite à cracher l’amer. Je vais lui raconter en l’implorant de m’offrir l’oubli, afin d’y noyer mes craintes. Je vais lui quémander de me débarasser de ces noeuds qui me paralysent, de ces mots cinglants que je me répète comme une litanie. Mais, est-ce bon de donner en offrande mes maux?
Attendre que le jour se lève afin d’appeler tout le monde. Attendre que le jour se lève afin de sortir. Attendre que le jour se lève afin de penser autrement.