Merci à Adel de m’avoir permis de retrouver l’une de mes chansons préférées sur le Net, chanson qui illustre les propos du film Paradise Now, chanson du générique de mon film culte Les invasions barbares, bref une ode à l’amitié.

Comme je l’écrivais il y a une semaine ou deux, je n’ai pas le loisir d’aller dans une salle de cinéma, sauf pour les quelques projections pour enfants. Je me rattrape donc comme je peux en enrichissant ma collection de films du mieux que je peux. Je fais un tour dans mon magasin préféré et hop je commande quelques films en DVD. Je n’ai pas de metteur en scène préféré et pas de thème en particulier. Je lis quelques critiques et je me dis ah tiens pourquoi pas ce film. Mais bon, il y a mes amours de films ceux que j’ai envie de voir et de revoir et parmi eux figurent la trilogie de Pagnol, Charlie Chaplin et Citizen Kane de Wells plus par goût de les revoir, mais aussi pour que mes enfants prennent goût au cinéma. D’ailleurs, cet été, l’aîné passe une semaine à Radio-Canada dans un camp de jour pour apprendre et comprendre ce qui se passe derrière les coulisses, son rêve faire du cinéma. Il vient de gagner avec ses acteurs le premier prix d’un petit vidéo contre le racisme. Bon, assez parlé de ma tribu.

J’ai donc commandé Paradise Now, me suis installée dans le sous-sol après que tout le monde se soit endormi et j’ai plongé dans cet univers où il n’y aucune frontière entre la fiction et le réel. Hany Abu Assad a réussi à humaniser ce que nous confortables dans nos petites vies n’arrivons pas à comprendre. Comment une personne peut décider de se faire sauter, mais aussi d’entraîner dans sa mort d’autres personnes. Les terroristes sont souvent déshumanisés de par leur action. Et ce qui est beau dans ce récit est le temps que prend le cinéaste pour nous montrer la vie, les vies qui entourent ces êtres qui décident un jour de tout laisser par manque d’horizon. Car il s’agit bien de cela l’absence d’horizon. Il s’agit d’un monde refermé sur lui-même, qui ne peut jouir de cet idéal qu’est la démocratie, le respect des droits les plus fondamentaux et le joug de l’occupation qui étouffe. Bref, nos deux protagonistes, Said (Kais Nashef) et Khaled (Ali Suleiman), sont deux amis d’enfance de Naplouse qui ont décidé de mourir ensemble pour la cause et vont devoir aller à Tel Aviv pour accomplir leur mission suicide. Le génie et le talent de Hany Abu Assad est de nous montrer ces deux jeunes hommes avant pendant et après qu’il aient été choisis pour la mission suicide. Son génie est de nous inviter dans leurs vies, mais aussi dans leurs visions à travers les êtres qui comptent ou qui commencent à compter pour eux. Suha, Lubna Azabal l’actrice belge, campe le rôle de la fille d’un martyr qui arrive en coup de vent dans la vie de Said. Hiam Abbass, la magnifique Hiam inoubliable dans Satin rouge (film tunisien)et The Syrian Bride qui campe le rôle de la mère de Said dans Paradise Now. A elle seule, elle personnifie un talent incroyable et c’est l’actrice palestinienne à découvrir. Le tout est d’une clarté, d’un poétique alors que l’horreur se dessine.
Je ne vous raconterai pas la trame, je vous dirai juste que le jeu des acteurs en vaut la chandelle, qu’écouter Said est en soi un coup de poing dans les tripes, que découvrir Khaled sous ses airs de dur est d’un humanisme incroyable et est un chant à l’amitié. Ils sont magnifiques, une économie du geste et du verbe qui vous ravira. Mais ce qui est en soi plus que prometteur est justement la place que prend le cinéma palestinien. Il tourne autour de ce noeud qu’est le conflit israelo-palestinien. J’aime beaucoup le cineaste israelien Amos Gitaï et les rares films palestiniens que j’ai eu le plaisir de visionner me font penser que cette génération de cinéastes palestiniens seront des cineastes de répertoire comme le sont d’autres dans le Maghreb et aussi Youssri Nasrallah. Bref, procurez-vous la K7 ou le DVD, mais de grâce ceux et celles au Maroc, pas de Derb Ghallef car ces artistes ont besoin de votre soutien, piratez tout en sachant qui pirater:-) (vu que j’ai découvert que vous êtes plusieurs à le faire)