Lundi soir après avoir souri toute la journée et une partie de la soirée et surtout la voix de Nina Simone en tête, vite ne finissez pas ce billet allez écouter chez Ayoub le gentleman, dépaysement et émerveillement garantis. Merci Ayoub pour ce merveilleux morceau!

Fallait voir le vert tendre des jeunes feuilles aujourd’hui. Tout en conduisant, je me disais: Woman, do you realize that you live in paradise! Puis mon double m’a dit: yo concentre-toi sur la route au lieu d’y aller avec tes phrases à la noix de coco.
Bof, vous savez, elle, elle est plus dérangée que moi, mais cela ne parait pas trop parce qu’elle fait dans l’économie de tout. Sauvage sur les bords comme lui dit l’Homme.
So here we go. Je suis sur l’autoroute et de temps en temps je longe le fleuve St-Jean. Il n’est pas aussi large que le St-Laurent, mais il est beau. Très calme ce matin, on peut même voir le reflet des maisons de l’autre rive. Partout, on s’active. Les fermiers préparent le sol. Je m’émerveille encore et encore de voir autant d’étendues, de vallons, de conifères, de feuillus. De temps en temps si on y prête vraiment attention un aigle nous surprend avec son vol majestueux. Mon coin de pays est un coin sauvage et c’est ce qui fait sa beauté. En arrivant à Fredericton, je suis surprise de voir des parterres fleuris, il y a foule sur la piste cyclable. Des coureurs, des cyclistes. Et à un moment deux chiens décident de traverser la rue et hop on arrête la circulation. Que voulez-vous, les gens ici ont une joie de vivre qui fait qu’ils ne sont jamais pressés. Si vous arrivez à l’heure, on vous demande vous n’avez rien à faire de votre journée:-)? Pour vous dire comme il fait bon vivre ici. Une minute de plus ou de moins, quelle différence quand ces deux ont décidé d’aller se promener près de l’eau. Je n’avais jamais remarqué à quel point la ville était belle et j’ai pensé: what if, what if tu faisais comme te dis ton ami, what if tu déménageais. Tu aurais la ville à toi quand tu y penses. Tu pourrais marcher des heures sans jamais te fatiguer. Tu pourrais appeler ton ami et dire weld al 3oumda, viens on prend les enfants et on va déambuler dans la ville, viens on va se faire un spectacle. Mais je ne déménagerai pas en ville. Parce que dans ma campagne si active depuis le dégel, il faut apprécier le sourire de chacun. Il faut aimer cette facilité qu’ont les gens de vous parler, de vous raconter la vie ou encore de lever la main lorsque vous passez en auto. Il y a même tout un langage, si vous passez une première fois, il est de mise de ne soulever que l’index, puis l’index et le majeur vu que vous conduisez et plus de deux fois vous levez la main. Je suis toujours surprise quand on traite les habitants d’ignares car ils ne le sont vraiment pas, ils ont cette sagesse que seul le travail de la terre confère. Il ne riront jamais du blanc-bec, mais raconteront l’anecdote des années durant. Ils sont bons et seront toujours là si une maison brûle, un parent est souffrant. Ils me touchent énormément avec leur labeur, leur stoïcisme, leur courage et leur détermination. Non, je ne déménagerai pas car j’habite un de ses petits paradis qu’il me serait impossible de retrouver ailleurs et puis surtout j’aime lorsque le matin je vais rire un brin avec le dépanneur, on se raconte des blagues, on se taquine. Non, je ne déménagerai pas car où donc les gens m’appelleraient par mon prénom, remarqueraient que j’ai le regard pétillant ou encore fatigué, où donc quelqu’un appellerait juste parce vous avez disparu pendant deux jours. Il est de ces petits paradis que je chéris et plus le temps passe plus je sais que c’est à ce coin que j’appartiens pour la douceur et la candeur de ses habitants tout simplement. Oui, il m’arrive de vouloir prendre mes clics et mes claques et partir, mais jamais ne le ferai-je car c’est ici que je suis chez moi et nulle part ailleurs. Posted by Picasa