Loula est crevée, fatiguée, déboussolée. Loula passe de réunion en réunion, prend même la liberté de s’abstenir d’assister à des repas parce qu’il y a trop à faire et pas assez d’heures dans une journée.

-Loula, tu veux bien assister au repas avec l’Ambassadeur de la contrée du bout du monde?

-Désolée, mais j’ai encore une liste longue de trois mètres avant dimanche.

-Loula, tu veux bien assister au repas de la délégation du pays d’en haut?

-Tu m’en vois navrée, mais j’ai tellement à faire.

Ce n’est pas de gaieté de coeur que je refuse. Mais, entre la paperasse, les cols blancs que j’aimerais étriper (rassurez-vous, je suis fière descendante de fonctionnaires). Les dates butoir. Les surprises de dernière minute. Les questions des publicistes. L’excédent de bagages (non, je voyage léger, c’est le boulot qui est en excédent). Le manque de sommeil. La nouvelle autoroute qui prend du temps à me laisser la découvrir. La première neige de ce matin et les ponts glacés qui vont avec.

Oui, je le dis sans aucune honte, j’ai hâte de me retrouver sur la grande isla. Hâte de me déconnecter. Hâte de marcher sans but précis. Hâte d’observer le monde d’un regard béat. Hâte de travailler sans un ordinateur ni un cellulaire. Ah, les bienfaits d’un monde pas connecté ni branché. Savoir que je ne lirai mon courrier qu’une fois par jour et que les pannes de courant pourraient m’aider à ne pas le lire du tout. Les bienfaits des conversations pas trop cérémonieuses, mais bien plus intéressantes. Et le plaisir de savoir qu’en fin de journée je retrouverai le Malecon et irai peut-être me saucer les pieds.

Bonne nouvelle, ma fameuse toile achetée en mars dernier est enfin au pays! quino_mafalda3.jpg