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Parce qu’il est des marins qui ne prennent pas le large. Parce qu’il est des récifs bien plus dangereux qu’en pleine mer. Parce que le danger n’est pas là où l’on pense. Parce que nous sommes en quelque sorte des îles traversées par les vents de la vie.
Parce qu’il a neigé hier soir et que quelque part j’ai envie que nous partions tous ailleurs. Parce qu’il est facile de penser aux départs, mais que les retours peuvent être jonchés d’embuscades. Parce qu’il faut montrer patte blanche. Parce que parfois nos destinées sont entre les mains d’autres. Parce que l’angoisse peut s’installer et envenimer des vies. Parce que nous serons toujours des étrangers, des apatrides, des autres pour les autres. Que nous ne sommes vraiment nous qu’ensemble sur notre petite île suspendue.
Parce que je trouve que nous menons une vie de dingues et que je ne dirai pas non à retrouver la simplicité. Parce que j’ai peut-être envie que nous lâchions un peu ce monde de consommation dans lequel nous ne faisons que passer. Parce qu’au bout du compte, exceptée la satisfaction personnelle d’avoir touché à presque tout, vu du pays, reçu la reconnaissance des autres; je me dis que tout ceci n’est que fard. Parce que l’essentiel est ailleurs et j’ai décidé de faire dans la simplicité. Sur ce, je vais allumer un feu pour chauffer la chaumière en rêvant que je suis ailleurs et que tu ne tarderas pas à revenir. Encore 47 heures et vingt-deux minutes…
William Vivanco et Malin Hau, La Isla Milagrosa