Une pensée toute particulière à Larbi.

Son prénom n’a aucune importance sinon pour nous, ses amis, qui le côtoyons. Il est arrivé ici il y a quelques années. Pendant que la guerre déchirait la Somalie, il a été séparé de sa femme et de ses deux petites filles. Il a rejoint la Malaysie et a fait demande d’asile auprès du bureau du Haut Commissariat pour les Réfugiés. Puis, il a attendu, attendu. Il espérait aller en Europe, c’est le Canada qui a choisi sa candidature. Arrivé ici, il s’est intégré et a commencé à travailler avec des jeunes issus de l’immigration. Puis, il a reçu des nouvelles de sa femme et de ses jumelles. Elles étaient au Kenya. Il a fallu des années pour que la famille soit enfin réunie. Ce soir je pense à lui car demain il pourra enfin les prendre dans ses bras. Il y a quatre semaines, toute une salle a fondu en larmes lorsqu’il a pris le temps de raconter son parcours migratoire. Il faut écouter pour se rendre compte de la misère affective que vivent les réfugiés, la perte du capital social, des repères, la reconstruction identitaire, la culture qu’il faut comprendre, les codes qu’il faut assimiler. Demain, mon ami pourra enfin toucher sa femme, embrasser ses petites filles et recommencera un autre parcours celui de l’acclimatation aux siens avec des hauts et des bas. Mais qu’importe puisqu’ils seront enfin réunis.