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Lorsque je visite La Havane, je préfère être à Vedado. Vedado est la partie de la ville qui est la plus vivante à mon sens. Il suffit de faire quelques pas pour entamer une conversation. Cependant, mon premier jour est souvent dédié à Santa Fé.
Défaire ma valise et ranger mes vêtements. Sortir me ravitailler en eau et jus. Répondre au jeune nouveau de la sécurité près des ascenceurs que non je ne suis pas cubaine et qu’à mon âge je ne me recyclerai certainement à séduire les touristes. Je le laisse avec un grand sourire. Téléphoner et dire que je suis bien arrivée. Tenter de faire parler des enfants occupés par ce soir d’Halloween. Apprendre que j’ai bien fait d’acheter bien plus qu’il ne fallait de friandises. Admirer le Malecon avant de descendre.
Manque de pot, en sortant de l’ascenceur, je tombe sur un monsieur rencontré la veille de mon départ l’an dernier. Bijour, bijour et tous les salamalecs de circonstances. Il tire sur son Cohiba et me demande ce que je deviens, me félicite, admire mon « new look », trouve que j’ai meilleure mine. On va aller prendre un café, presque tout le monde est là. Tout le monde, c’est bien entendu ceux et celles qui viennent pour affaires. Je tente un non, peine perdue. Me voilà coincée entre des fumeurs de cigares tous aux accents différents. Le sujet du jour: faire des affaires dans la isla grande. Lui, a développé le marché de la viande. Tu veux du foie gras, je te le livre demain dit-il à son interlocuteur à l’autre bout du pays. Ce n’est pas parce que les Cubains vivent de riz et d’haricots noirs que les touristes se privent pour autant. En fait, j’ai honte quand je mange au restaurant ici, si bien que je ne mange que frugalement. C’est plus fort que moi. Les deux ouragans ont détruit presque toutes les récoltes, pas moyen de trouver de l’oignon au marché. Les poules pondeuses ont presque toutes péri et les oeufs sont importants dans la diète cubaine vu qu’ils offrent l’apport de protéines nécessaire au corps humain. La nourriture de base consiste en un plat délicieux de riz et haricots noirs que l’on nomme Congri, un minimum de viande habituellement du porc ou du poulet. Manger du boeuf y est tabou, voire défendu. En fait, tuer une vache par exemple pouvait valoir de 4 à 10 ans de prison à une certaine époque. On voit du boeuf d’Uruguay dans les marchés et il est hors de prix. On sert du boeuf canadien dans les restaurants que fréquentent les extranjeros, mais les Cubains les fréquentent rarement. Partout, on ne parle que d’embargo. Mais si vous avez des sous, vous trouverez des pommes directement des U.S. of A. Presque tout le poulet congelé et découpé provient d’abattoirs américains. En fait, le voisin du nord vend pour quelques 340 millions de dollars de produits agricoles avec en tête maïs, poulet et blé.
Une journée à La Havane et j’ai rencontré plus d’Etats-Uniens qu’en un an au Canada. Des fonctionnaires de l’Alabama, de Georgie, du Maryland, du Minnessota, de la Virginie et tous représentaient des départements d’agriculture. Sans oublier la Fédération des producteurs de riz, les producteurs de jus, les producteurs de farine, les producteurs de dinde. Name them, they are here. C’est que Cuba est un marché que tout le monde espère pénétrer. En fait, le produit intérieur brut de 2005 à 2008 a connu une croissance de 10%. On prévoit qu’il soit aux alentours de 6.0% à la fin 2008. Mais c’est sans compter les ravages des 3 derniers ouragans. Cuba a réussi, néanmoins, à payer une partie de sa dette grace au tourisme, le prix du nickel à la hausse durant l’an dernier (quoiqu’il soit pas mal en baisse ces derniers temps), quotidiennement quelques 90 000 barils de pétrole à prix préférentiel du Venezuela, des prêts de la Chine et une ligne de crédit d’un milliard de dollars tout récemment signée avec le Brésil.
Cuba tire ses revenus: 1) du tourisme avec 2 millions de visiteurs par an soit une recette de 2.5 milliards, 2) des services médicaux au delà de 30 000 médecins cubains travaillent au Venezuela soit 2.3 milliards de revenus; 3) du nickel 2.1 milliards; 4) les envois de fonds par les Cubains à l’étranger s’élèvent à plus d’ 1.1 milliard et viennent ensuite les revenus sur le tabac et le sucre.
Cuba fait face à des obstacles intérieurs et extérieurs. A l’intérieur, personne ne veut travailler pour le gouvernement à cause des salaires très en dessous de la moyenne. Ainsi, quelques 100 000 emplois dans la fonction publique sont vacants. Vu que le prix des produits agricoles est fixé par l’Etat, personne n’a envie de cultiver la terre et 55% des terre arables ne sont pas cultivées. Le gouvernement de Raul Castro a donc décidé de distribuer des terres, mais aussi de divorcer du concept à travail égal salaire égal espérant ainsi augmenter la productivité. La dualité du système monétaire cubain a créé deux classes, une « riche » ayant accès au CUC (monnaie utilisée par les étrangers et ayant remplacé le dollar US) et une pauvre n’ayant accès qu’à la monnaie nationale donc sans aucun pouvoir d’achat et sans économies. Et la population cubaine est vieillissante. A l’extérieur, la note du prix de pétrole est passée de 8.7$ m. à 11.6$ m. par jour. La hausse des denrées de base a augmenté d’1$ milliard depuis 2007 et Cuba importe 80% des aliments. Le prix du nickel à la baisse fait aussi perdre une somme aux alentours d’ 1 milliard. Et c’est sans compter la destruction des infrastructures et des récoltes causées par les ouragans. Mais, les Cubains s’en sortiront comme à leur habitude. Ils en ont vu d’autres et la résilience est l’une de leurs caractéristiques.
Perdue dans mes pensées, je n’ai pas vu le temps passer. Excusez, messieurs, mais je dois y aller. Où? On peut aller avec toi? Non, désolée, cet après-midi il est juste pour moi. Je pars pour Santa Fé..
En un seul billet j’ai appris sur le Cuba plus que je n’ai appris durant toute une vie.
C’est vrai à force d’être focalisé sur Castro on oublie presque que c’est un billet qui a une économie, une population…. et un système monétaire duel (tiens ca me rappelle le liban Chakazoulou si tu passe par ici un grand salut)
Loula il faut qu’on te décerne un Doctorat Es-Cuba.
non larbi, un passeport pardi :))) et chi chari3 smiytou Loula :)))
plein de xoxo pour vous deux
Larbi, exactement. Non, quand même pas pour le bout de papier. Tu devrais dire à Chakazoulou qu’on se donne rendez-vous à La Havana.
NajNaj nari nari nari, 7alfa fiya yak :-), dis tu es tjrs à San Diego ou t’es au Maroc?
Larbi, tiens pour parler de l’embargo va lire ce qui suit:
http://www.treas.gov/offices/enforcement/ofac/programs/cuba/cuba.shtml
Mwah à vous deux
ihav’ rentred pero soy très zoccupé à+
grosses bises je suis dans le camée
Claude ye souis contente que tu sois rentré, ai lu ai beaucoup aimé. I envy you et ta verve.
Grosses bises camarade