Je n’ai jamais rien demandé à personne. Je me suis toujours tue. J’ai toujours suivi les conseils-même les plus foireux- parce que c’était important pour la smala, celle que je n’ai pas choisie et celle que j’ai choisie. J’ai accumulé durant ces dernières trente années tant d’émotions- pas toujours heureuses- qu’il est peut-être temps que j’évacue ce trop plein.
J’en ai fini d’être la gentille, la timorée la sage. J’en ai fini de dire oui et de ravaler ma salive quand je n’ai qu’une seule envie: celle de crier non. J’en ai fini d’attendre. J’ai fini d’espérer de meilleurs jours qui n’arriveront jamais, de meilleures conditions de dialogue qui ne se présenteront pas. J’en ai fini de sourire. J’en ai fini de patienter. J’en ai fini de la mascarade. La terre ne cessera pas de tourner pour autant. J’en ai fini d’accepter tous les chantages émotionnels, toutes les promesses non tenues. J’en ai fini d’être celle qui écoute, celle qui ne se plaint jamais, celle qui au lieu de pleurer fait son enjouée. J’en ai fini des faux problèmes, j’en ai fini des crises de larmes, j’en ai fini des déprimes d’autrui. J’en ai fini de la sacro-sainte famille. J’en ai fini de tous les salamalecs qui ne font que me miner. J’en ai fini de mon abnégation légendaire.
Fait que prenez vos déprimes, vos conflits, vos espoirs perdus, vos larmes, vos promesses, et allez voir ailleurs si j’y suis.

Maintenant que ceci a été dit, je vais apprendre à être heureuse.