Après l’orage, nous disaient-ils, surviendra le beau temps. Il a tellement plu sur nos mémoires, sur nos réalités que l’érosion a emporté sur son sillage les plus prometteurs des arbustes, les autres à force d’être élagués en sont réduits à mourir ou du mieux à nous rappeler qu’ils furent un jour hauts et beaux, ne nous laissant qu’un vague souvenir de leurs frondaisons . Ni étant ni néant, nous nous débattons entre l’oubli et la mémoire. Ils disent aujourd’hui que l’histoire décidera, que les historiens se prononceront alors que nous n’en sommes qu’aux premiers balbultiements apprenant à peine à déchiffrer, difficilement, ces bribes d’histoires rebelles qui refusent d’obtempérer et d’être ensevelies par l’oubli. Comme à chaque fois, nos aspirations, notre volonté d’apprendre sont remises aux calendes zinzbabéries, comme dirait mon ami Rachid, celles du temps figé. Ils nous ont promis et ont même inscrit que la liberté d’opinion, que le droit de se réunir étaient garantis et tout de suite ont précisé qu’il nous faudra apprendre à nous exprimer dans les limites permises, que nous ne saurions être tous égaux. Souvenez-vous que nous sommes tous égaux, mais que certains naissent plus égaux que d’autres et comme à chaque fois se trouveront sur le chemin bien des voix pour nous le rappeler. Ils crient au viol, à la traîtise à chaque fois qu’une voix s’élève, qu’une question est posée, qu’un pan est levé. Ils continuent à masquer l’horizon, à semer des grains de sable dans l’engrenage. Ils continuent de museler tout ce qui n’est pas conforme à leur réalité, alors que la nôtre lacère les voiles opaques de l’embellie de par nos visages défaits, notre rage au coeur, les cerceuils vides, les noyés, les laissés pour compte, la liste est longue et nos innombrables visages si anonymes. Ils nous ont promis l’ère du verseau et ressortent celle du marteau. Et sonne l’hourvari! Wrong to love. Yes indeed, nous voilà presque condamnés à taire notre amour. Il est désormais interdit, comme par le passé, d’aimer et de crier cet amour pour la terre et ceux qui l’habitent. Telle une portée disparate nous voilà encore les uns contre les autres, affamés contre repus et ces derniers parlent d’une voix plus tonitruante. Voilà donc nos paroles étrangères, voire belligérantes pour certains. Elles nous sont confisquées. Nos traversées seront-elles toujours tissées de chimères? Semblables à des funambules, nous errons sur de drôles d’hauteurs avec pour seul vertige cet attrait de la terre. Tels les derniers survivants, on nous dit de dormir en paix. Encore et toujours, dormez, dormez, nous veillons au grain, vous êtes un peuple mineur, incapables de comprendre, incapables de vous prendre en main. Sujets d’une période féodale qui ne perdure que pour vous protéger de vous-mêmes. Dormez, dormez. Et aussitôt qu’une voix déchire la toile, ils disposent de leurs lois, de leurs jouets. Et revient à nouveau le big control. Big brother is not dead, he was only taking a nap. Combien de redditions aurons-nous encore à signer? Et toi, mère, terre,pendant encore combien de temps verras-tu ton ventre meurtri revivre des accouchements à rebours à chaque fois qu’un des tes enfants aura parlé, aura osé. Demain, le soleil brillera toujours, demain, demain… alors que nous aspirons tant à vivre, à conjuguer sur un autre mode que celui des silences et résignations.
Instantanés
08 jeudi Sep 2011
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sans doute que dans une crise de mémoire conflictuelle sont ils arrivés à reconjuguer l’égalité du verbe « sommes » sous sa forme atavique de l’unicité de l’être et au borgne de leur regard que pourrait être le singulier d’égal sinon Ego…la seule facette qui chez eux a sûrement évolué…
c’est avec un grand plaisir et un amour sans cesse croissant que je te souhaite le rebienvenue chez toi
comme tu dirais…mwah !
Mwah mon frère, mwahates
« Ni étant ni néant, nous nous débattons entre l’oubli et la mémoire » : jolie formule pour dire que nous nous débattons et qu’à la fin, hélas, nous finissons toujours par perdre.
Entre les deux toutefois, il y aura eu, ma Loula, le plaisir de te connaître, même de loin…
Mwah
Francis, le plaisir est partagé. Qui sait, un beau jour nos sentiers se croiseront soit au Brésil, au Canada ou ailleurs. Je suis optimiste de nature 🙂
Mwah
Telle une portée disparate nous voilà encore les uns contre les autres..ouled el 7ajla…c beau, merci
Aswat, pleasure is mine. What’s 7ajla?
Merci, j’oublie ma darija. Donc 7ejla est une perdrix m’expliquait Aswat.