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-Parce qu’il est des marins qui ne prennent pas le large. Parce qu’il est des récifs bien plus dangereux que ceux en mer. Parce que le danger n’est pas là où l’on pense. Parce que nous sommes en quelque sorte des îles traversées par les vents de la vie. Parce qu’il est facile de penser aux départs, mais que les retours peuvent être jonchés d’embuscades. Parce qu’il faut montrer patte blanche et que parfois nos destinées sont entre les mains d’autres. Parce que l’angoisse peut s’installer et envenimer des vies. Parce que nous serons toujours des étrangers, des apatrides, des autres pour les autres. Parce que nous ne sommes vraiment nous qu’ensemble sur notre petite île suspendue.
 Parce que nous menons une vie de dingues et que je ne dirai pas non à retrouver la simplicité. Parce que j’ai peut-être envie que nous lâchions un peu ce monde de consommation dans lequel nous ne faisons que passer. Parce qu’au bout du compte, exceptée la satisfaction personnelle d’avoir touché à presque tout, vu du pays, reçu la reconnaissance des autres; je me dis que tout ceci n’est que fard. Parce que l’essentiel est ailleurs et j’ai décidé de faire dans la simplicité.
J’irai longé le Malecon espérant le retrouver par un quelconque miracle. Je laisserai le soleil chaud me brûler et je fermerai les yeux pour retrouver le son de sa voix. Mi locura me disait-il y a de cela une vie. Il me taquinait en me disant souvent que je lui donnais l’impression d’être sortie directement d’un slogan propagandiste ferme et lourd de colère. Siete meses para la eternidad me soufflait-il à la naissance du cou pour ensuite gratter sa guitare et me chanter du Silvio Rodriguez. En foulant ce sol qui l’a vu grandir, ces rues qui l’ont vu courir, Je plongerai en moi. 
Telle une éponge, je m’imbiberai de la ville. Le ressentir, l’appeler au présent ou rappeler le passé. Comme d’habitude, je me perdrai dans la concordance des temps, en traçant ses traits sur les visages, en tentant de reconstituer son visage, à imaginer sa démarche, à me revoir dans ses bras dansant un tango, à sourire le revoyant faire son Mucho Macho Machito et me taquiner en me disant amor mais ze souis latin moi! Mejor, ze souis Coubain! Si si amor, je suis ton Che et ton Camilo vou que ze souis tombé dans la marmite et en ai bu de cette sacrée potion magique. Amor, viva la revolución!


-Oula, c’est du lourd de bon matin, ma Loula!

-Puis, mon Omar disparaitra. S’éloignant petit à petit, il sera happé par la foule en me criant recuerdas!
J’arpenterai les rues de La Habana vieja en me souvenant d’un itinéraire qu’il avait tracé et que j’ai tout simplement gardé. Je caresserai les murs des vieilles maisons en imaginant le grain de sa peau. Je commanderai un mojito et porterai un toast à la santé des vivants, des disparus, des absents, à ceux que j’aime et qui sont partis du pays, à ceux que j’aime et qui y sont restés. Et surtout à toi, Omar! Te recordaré mi amor.


-Je vais couvrir le miroir, elle se raconte autrement aujourd’hui.

Omar Pérez est un poète cubain que je rêve de le rencontrer un jour à La Havane, a woman can dream. No?